Oublier.
J'ai bien trop peur que tu en viennes à m'oublier, pendant que je serai partie.
Tu me l'as dit, bien sûr que non. Mais mon ventre n'a pas l'air de t'avoir entendu tout à fait.
Je crois que j'aurais tout donné pour avoir le courage d'en parler avec toi, hier, de cette peur là. Pour aujourd'hui, demain, tous les jours qui viendront à nous. Mais étrangement, l'alcool ne suffit pas toujours. Et puis tes yeux étaient fermés, et puis mon coeur était brisé.
J'ai peur. Toi, moi, et l'oubli. J'ai peur.
Etre cher, je n'arrive pas à parler, mais tu comprends pourtant.
J'aurais voulu être là pour toi, mais tu ne veux pas même de mes bras.
Je pars demain matin.
Avec cette putain de certitude, que plus rien n'a d'importance.
Hurler
Je n'ai pas le droit de lui reprocher ce que je fais. Mais j'ai le droit de la haïr, autant que je me hais.
Vite fait, mal fait, presque comique. Sans capote. Il a du lui en foutre partout, elle n'a même pas du prendre un instant pour trouver ça dégueulasse.
Putain. Je l'aime, mais je voudrais la tuer.
La cogner jusqu'à ce qu'elle comprenne le mal que ça me fait de savoir ce corps que je n'ai jamais osé toucher tout à fait, trituré par les sales pattes d'un salaud de parisien.
Je ne sais même pas la gueule qu'il a. Je ne peux qu'imaginer son corps qu'elle laisse bourrer par un garçon quelconque.
Et hurler, parce que.
Sale.
Blêmir.
Saloperie de bête à cornes.
Si tu commences à me mentir toi aussi.
Et qu'après, il faudrait que j'aille mieux.
Et oui, je t'emmerde.
Quand je veux.
Avouer.
Elle m'a écrit: Une vie pourrie vaut mieux qu'une putain d'illusion.
Et moi, j'ai répondu: Je préfère crever avec mon illusion.
Je me trouve conne, mais conne. Je mérite des baffes, pour prendre conscience, pour comprendre, pour tenter de me relever avant le pire. Parce que je suis conne, bordel, trop conne.
Ce que je ne mérite sûrement pas, c'est celui qui pourrait me les filer.
Fauter.
Je fais des bêtises. Je bois plus vite que mon ombre. Je parle trop et réfléchis trop tard.
Je ne regrette jamais tout à fait.
Il ne fallait pas me laisser toute seule.
Je vous tuerai, tu sais.
Trois les trois.
Trois petits chats, chats, chats... Que je noie, noie, noie.
Eclater.
Je crois que j'ai envie d'éclater quand elle me dit qu'elle ne me laissera pas aller en clinique, que c'est hors de question.
C'est elle qui part, qui détruit tout, qui m'arrache mon morceau de rêve au passage. Elle assume, sale petite pute, c'est vrai, c'était tellement difficile d'arrêter de penser à elle, elle et toujours elle, un instant.
Elle détruit tout, se casse, m'écrit qu'on est des symbolistes de merde. Je ne suis pas comme toi moi, je n'ai pas su mentir tout à fait.
Salope.
Et quand elle ramène sa fraise, en me disant qu'elle ne veut pas que je foute tout en l'air, que je dois vivre, que ça n'a pas de sens.
Le sens elle l'a crevé avec son contre sens. Elle dit qu'elle est partie, que ce n'est pas une raison pour me laisser faire.
Mais quand elle est partie, elle m'a laissée faire.
J'ai envie d'éclater de rire.
Envie d'éclater en sanglots.
Besoin d'éclater sa sale gueule de petite conne contre un mur.
Après ça va mieux.
Réaliser.
Putain.
Je l'aime.
On dirait pas, je sais.
Comme ces certitudes qui me brûlent au creux de la poitrine. Trop longtemps après.
Haïr.
Sale pute marseillaise.
Elle m'écrit qu'elle m'aime, elle me dit qu'elle m'aime.
Et moi je me tais.
Et puis.
Comme quoi, celle qui parle, ce n'est pas forcément celle qui vit.
J'ai envie d'en crever, de la voir les écouter tous, nous renier, nous crever.
Salope. Je t'aime. J'en crève.
Et toi tu rayes. Crève.